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Article publié le vendredi 1 av. J.C. mis à jour le mardi 20 décembre 2011

MÉTIERS

Curator : vrai faux nouveau métier

La veille dans le mixer 2.0

A la lecture de l’article de 01.NET sur le métier de "curator" qui avance que la curation était le mot à la mode en 2011, quelques réflexions me viennent à l’esprit.

Celui-ci a l’avantage de parler du « vieux » métier de documentaliste, qui selon l’un des auteurs aurait raté le virage du Web. En fait, il est amusant de constater que tout ce buzz un peu stérile et échevelé autour de ce vrai faux « nouveau » métier ne fait que témoigner de l’ignorance des auteurs qui semblent découvrir qu’il faut de la méthode et des outils pour trier, filtrer, catégoriser l’information. Mais c’est ce que font les veilleurs, les responsables de la gestion des connaissances (ou KM, si tant est que ce métier existe), les documentalistes spécialisés, bref tous les professionnels de l’infodoc depuis des années.

La seule différence est que les anciens pros n’ont pas tous acquis les nouveaux outils ou réflexes, sans avoir pour autant raté le virage 2.0 mais que tous travaillent encore comme ils ont toujours travaillé, dans l’ombre et loin des feux de la rampe sous lesquels les nouveaux métiers essaient de se loger. Il ont droit à leur place au soleil, pensent-ils certainement, et cette requête est d’autant plus justifiée que ces nouveaux métiers fleurent bon l’autodidacte dans un pays qui n’apprécie que le paradoxe du jeune diplômé avec 10 ans d’expérience...

Malheureusement, il n’y a rien de nouveau, ni dans les méthodes ni dans les compétences requises pour ces métiers. La nouveauté est dans les outils et la surabondance d’info en ligne. Mais l’internet et son côté ouvert et diffus vient simplement de jeter un rai de lumière sur des techniques autrefois maîtrisées par un petit nombre de salariés.

Il y a même des erreurs de journalistes dans cet article : la notion de « signal faible » est un terme vieux comme mon DESS en infodoc, 25 ans déjà et ce n’est qu’un exemple que j’ai relevé parmi d’autres ! Ce ne sont pas les curators qui l’ont inventé. De même, l’idée que le curator atteint un niveau de granularité plus fin qu’un veilleur est une idée saugrenue d’un journaliste qui ne sait pas ce qu’est une veille sur les brevets ! Je peux vous assurer que là nous sommes dans la granularité la plus fine possible et que l’information est autrement plus pertinente, subtile, et stratégique que ce que le curator peut manipuler.

Mais le documentaliste ne sera pas la prochaine star du Web, car ce métier requiert des qualités de patience, de méticulosité, de lenteur, de validation de l’information, de rigueur et de recherche d’autorité qui sont antithétiques avec le côté ludique et désinvolte, voire superficiel de la « curation » du Web 2.0. Les vrais veilleurs dans les grandes entreprises ? Vous ne connaissez pas leur noms, car lorsqu’ils vont assister à un colloque, ils prennent bien soin de ne pas se faire remarquer !

Avec l’explosion de l’info en ligne du Web 2.0, les proams (professionnels-amateurs) sont en train TOUT SIMPLEMENT de découvrir ces techniques : classification, taxonomies, thesaurus, indexation, diffusion sélective de l’information, archivage légal. Mais comme il ne connaissaient ni ces techniques ni ces métiers obscurs, il réinventent la roue ! Ils créent des mots qui ont l’avantage d’être à la mode curated content pour dossier documentaire, tags clouds pour indexation... pour se faire mousser, mais qui auront l’inconvénient de peut-être les ridiculiser un jour lorsque ces nouveaux métiers disparaîtront pour être ré-affectés aux postes traditionnels. C’est comme le lait sur le feu. Attendons que la crème retombe et l’on verra ce qui reste. Le terme de « community manager » de 2009 commence a se parer des miroitements du ridicule. Il est toujours sage de laisser tourner 7 fois les rotatives avant de donner le BAT de nos cartes de visites à l’imprimeur...

L’intérêt de tout ce buzz est qu’il vient mettre un petit coup de fraîcheur dans nos métiers, même si ce sont des gens qui en connaissent le moins les rouages qui en causent le plus.

Mais ce n’est pas à un vieux singe que l’on apprend à faire des grimaces.

Voilà.


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